Perfect Days, un sous-Paterson. Le principe est le même : suivre un employé (autrefois un conducteur de bus, ici un agent d’entretien) dans la répétition banale de son quotidien, qui pourtant l’enchante celui qui le vit. Le début, sans être à la hauteur de Jarmusch, emporte tout de même un minimum. Si Wenders échoue largement à filmer ce que Jarmusch réussissait parfaitement à représenter, à savoir la poésie et la beauté, s’il ne parvient jamais à habiter la beauté que son personnage perçoit dans son quotidien, il a au moins un certain talent pour représenter les gestes du travail : les toilettes qu’on lustre, le bruit des serviettes, le mécanisme des portes qui se ferme… Wenders, pourrait-on dire, est davantage dans la praxis et la matière que Jarmusch – et pourquoi pas, après tout. Le problème, c’est que passé trente minutes, cette praxis devient une impasse. Parce que le film se répète, sans s’enfoncer dans un idéal, sans accéder à une forme de transcendance. Ou Paterson, en se répétant, s’enfonçait dans l’esprit de son héros, ici, l’on ne s’enfonce nulle part, puisqu’il n’existe aucun idéal. On tourne juste en rond sur le principe même du travail du héros, au point que cela finit par devenir une forme de pornographie (le va-et-vient de la matière). Pour compenser cet écueil, Wenders parcourt le tout d’une fausse poésie de poseur, qui fait vraiment toc, avec cette passion que le héros éprouve pour la musique des années 60 et les cassettes audio. Cela aurait pu être beau – mais ce n’est pas habité. Et cela ne semble être qu’une passion précieuse de hipster. Bref, le film ainsi se déroule, avec en plus la bien mauvaise idée d’être plus long que Paterson et d’être dénué de son humour (et de son chien !), jusqu’à en devenir insupportable. Le tout arrivant à culmination avec ce personnage de mari dont le héros zieute l’ex-femme durant sa pause du midi, et qui informe ce dernier qu’il va mourir d’une grave maladie. Là encore, la séquence entre les deux, alors qu’ils s’amusent à voir si leur ombre, l’une sur l’autre, créent une ombre plus sombre qu’une ombre solitaire, hébète, tant elle est déconnectée de toutes formes d’intuitions sensibles et n’est là qu’une petite démonstration de sensibilité de poseur. Bref : trente premières minutes passables, qui ne révèlent par la suite n’être habitées par rien, et qui se conclut par un plan séquence vide, bête et déjà vu, où le héros sourit à nouveau à la vie. 1/5.

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