Prey, où un peu comme avec L’Homme-Invisible avec Elisabeth Moss, il s’agit de retourner le postulat sur lui-même et d’emprunter le point de vue de la proie, à savoir la femme, victime, qui va devenir bourreau. Et ici, on n’y va pas par quatre chemins, puisque l’héroïne est une jeune femme, comanche solitaire, méprisée par les hommes de sa tribu. Néanmoins, parce que le film est rythmé, brutal, sauvage, il ne se perd pas dans l’idéologie, ou plutôt, s’il fait de l’idéologie, il le fait à travers l’action, à travers le mouvement, à travers donc le cinéma. Le film est ainsi plutôt sympathique, avec ce Predator lui-même tellement misogyne et non-déconstruit, qu’il ne regarde pas l’héroïne et la prend pour un membre inférieur dans la chaîne alimentaire (comme quoi, même les Predators souffrent de la construction sociale). Mais peu importe, puisque c’est parce que le Predator ne s’abaisse pas à la chasser, qu’elle va finir par le tuer. Après, honnêtement, si le film est initialement plaisant, il finit un peu par lasser, notamment parce qu’il peine à se réinventer et qu’il est toujours très prévisible (le seul véritable suspens concernant la survie, ou pas, du chien). On regrettera par exemple, dans la seconde partie, l’apparition des colonisateurs blancs : si le film, ici, aurait pu dépasser l’idéologie pour nous montrer une collaboration entre l’héroïne et le patriarcat afin de lutter contre un plus grand ennemi (cela aurait été un vrai sujet de film), eh bien non. Les colonisateurs sont tous des types imbuvables, moches, gros et bêtes, peut-être même encore plus détestables que les Predators, et dont l’héroïne se débarrasse avec fracas. Il fallait, évidemment, en ce film sur une proie, rappeler, de la manière la plus claire possible, qui sont les vrais prédateurs. Enfin quand même : c’est un film plutôt amusant. 1,5/5.

Comments are closed

Articles récents

Commentaires récents

Aucun commentaire à afficher.